Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale
La Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) est une organisation internationale regroupant plusieurs pays d'Afrique centrale, créée pour prendre le relais de l'Union douanière et économique de l'Afrique centrale (UDEAC). Son siège est à Bangui, en République centrafricaine.
Histoire
[modifier | modifier le code]Le traité instituant la CEMAC est signé le 16 mars 1994 à N'Djaména (Tchad) et entre en vigueur en juin 1999.
La CEMAC regroupe l’Union monétaire de l’Afrique centrale (UMAC), qui est responsable de la convergence monétaire des États membres, qui partagent la même monnaie, et l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC), qui a pour mission d’harmoniser les réglementations en vigueur au sein des États membres afin de dynamiser les échanges commerciaux et faciliter la convergences des politiques économiques au sein de la sous-région.
Depuis mai 2015, les ressortissants de la CEMAC bénéficient de la libre-circulation dans la région et ne sont plus obligés d'utiliser un visa pour voyager entre les pays de la CEMAC. Cette liberté de circulation était initialement prévue pour démarrer le 1er janvier 2014, mais a été retardée par la fermeture des frontières de la Guinée équatoriale[1]. Si la libre-circulation au sein de l’ensemble de l’espace n’est pas encore possible, c’est avant tout en raison des différentes crises sécuritaires que connaît la sous-région, au premier chef desquelles l’insurrection menée par Boko Haram dans le bassin du lac Tchad. L’harmonisation des législations internes est encore à achever. Cependant, le Tchad et le Cameroun ont pris les devants et mis en place la libre-circulation des biens et des personnes entre les deux États par le biais d’un accord bilatéral, qui pourrait aider à concrétiser les choses.
La stabilité financière de la CEMAC a été menacée par la chute des prix du pétrole à partir de 2014, tous les membres, à l'exception de la RCA, étant fortement dépendants des revenus pétroliers. Les réserves internationales ont chuté et une dévaluation du franc CFA a été évoquée. Finalement, la conférence des chefs d'État de 2016 a adopté un programme de réformes détaillé, le PREF-CEMAC, pour stabiliser la situation[2].
Lors du sommet de Djobloho, le 17 février 2017, la Guinée équatoriale et le Gabon s'engagent à lever toutes les restrictions encore existantes.
Réforme de la zone Cemac
[modifier | modifier le code]Le à Yaoundé, s'ouvre un sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), présidée par Paul Biya, qui regroupe six pays, pour débattre notamment de l'avenir du franc CFA. Après les pays d'Afrique de l'Ouest pour la monnaie unique, c'est au tour de l'Afrique centrale de questionner la pertinence d'une monnaie aux réserves de change déposées en France et convertible en euro, présentée par certains comme « héritée de la colonisation ».
Le 17 mars 2023, les chefs d'état d'Afrique centrale se réunissent pour la 15e conférences des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Concernant l'avenir du Franc CFA, il est préconisé le changement de nom de la monnaie, le retrait progressif des représentants français au sein des organes de décision et de contrôle de la Banque centrale, la clôture du compte d'opération dans les livres de la Banque de France et le rapatriement des réserves de change au siège de la Banque centrale[3].
Le même jour, l'Equato-Guinéen Baltasar Engonga Edjo'o est nommé en tant que nouveau président de la commission en remplacement de Daniel Ona Ondo[4].
Fin 2023, un rapport indépendant établit que la CEMAC, sous la direction de Daniel Ona Ondo, a commis des fautes graves en matière d'utilisation des ressources, ce qui devrait déclencher des procédures en justice[5].
Missions
[modifier | modifier le code]Elle a pour missions :
- d'établir une union de plus en plus étroite entre les peuples des États membres pour raffermir leur solidarité géographique et humaine ;
- de promouvoir les marchés nationaux par l'élimination des entraves au commerce intercommunautaire, la coordination des programmes de développement, l'harmonisation des projets industriels ;
- de développer la solidarité des pays membres au profit des pays et régions défavorisés ;
- de créer un véritable marché commun africain.
Liste des États membres
[modifier | modifier le code]La CEMAC est composée de six États membres[6] :
Économie
[modifier | modifier le code]Pays | Superficie
(km ²) [7] |
Population
(en milliers) [8] |
PIB
(en millions de $) [9] |
PIB (PPA)
(en millions de $) [10] |
PIB (PPA) par habitant
($ internationaux courants) [11] |
---|---|---|---|---|---|
Cameroun | 475 650 | 24 054 | 45 350 | 89 538 | 3 722 |
République centrafricaine | 622 984 | 4 659 | 1 949 | 3 389 | 728 |
République du Congo | 342 000 | 5 261 | 8 701 | 28 694 | 5 454 |
Gabon | 267 668 | 2 025 | 15 014 | 36 682 | 18 113 |
Guinée équatoriale | 28 051 | 1 268 | 12 294 | 30 981 | 24 439 |
Tchad | 1 284 000 | 14 900 | 9 871 | 28 985 | 1 945 |
Total (2017) | 3 020 353 | 52 167 | 82 752 | 218 269 | 4 184 |
Institutions et organes de la CEMAC
[modifier | modifier le code]- L'Union monétaire de l'Afrique centrale.
- L'Union économique de l'Afrique centrale.
- La Conférence des chefs d'État chargée de définir la politique de la Communauté et d’orienter l'action de l'UEAC et de l'UMAC.
- Le conseil des ministres qui assure la direction de l'UEAC.
- La commission, organe exécutif de la communauté, siégeant à Bangui (République centrafricaine).
- La Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC), siégeant à Yaoundé (Cameroun) définit et conduit la politique monétaire.
- La Banque de développement des États de l'Afrique centrale (BDEAC), siégeant à Brazzaville (Congo) assure le financement du développement.
- La cour de justice de la Communauté installée à N'Djaména (Tchad).
- La commission de surveillance du marché financier de l'Afrique centrale (COSUMAF) siégeant au Gabon.
Président de la Conférence des Chefs d’État
[modifier | modifier le code]- 2006-2007 : Idriss Déby Itno Tchad du 15 mars 2006 au 25 avril 2007 [12]
- 2007-2008 : Paul Biya Cameroun du 25 avril 2007 au 25 juin 2008 [13]
- 2008-2010 : François Bozizé République centrafricaine du 25 juin 2008 au 17 janvier 2010 [14]
- 2010-2012 : Denis Sassou Nguesso République du Congo du 17 janvier 2010 au 25 juillet 2012 [15]
- 2012-2015 : Ali Bongo Ondimba Gabon du 25 juillet 2012 au 6 mai 2015
- 2015-2017 : Teodoro Obiang Nguema Mbasogo Guinée équatoriale du 6 mai 2015 au 17 février 2017 [16]
- 2017-2019 : Idriss Déby Itno Tchad du 17 février 2017 au 24 mars 2019 [17]
- 2019-2023 : Paul Biya Cameroun depuis le 24 mars 2019 au 17 mars 2023 [18]
- 2023-présent : Faustin-Archange Touadéra République centrafricaine depuis le 18 mars 2023
Commission de la CEMAC
[modifier | modifier le code]- 1964-1970 : Charles Onana Awana Cameroun, Secrétaire général de l'UDEAC
- 1970-1977 : Pierre Tchanke Cameroun, Secrétaire général de l'UDEAC
- 1977-1982 : Vincent Efon Cameroun, Secrétaire général de l'UDEAC
- 1982-1991 : Ambroise Foualem Cameroun, Secrétaire général de l'UDEAC
- 1991-1999 : Thomas Dakayi Kamga Cameroun, Secrétaire général de l'UDEAC
- 1999-2006 : Jean Nkuete Cameroun, Secrétaire exécutif de la CEMAC
- 2006-2007 : Dieudonné Mouiri Boussougou Gabon, Secrétaire exécutif de la CEMAC
- 2007-2012 : Antoine Ntsimi Cameroun, Président de la commission de la CEMAC
- 2012-2017 : Pierre Moussa République du Congo, Président de la commission de la CEMAC
- 2017-2023 : Daniel Ona Ondo Gabon, Président de la commission de la CEMAC
- 2023-présent : Baltasar Engonga Edjo Guinée équatoriale, Président de la commission de la CEMAC
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Franc CFA (CEMAC)
- Communauté économique des États de l'Afrique centrale
- Centre africain de recherches sur bananiers et plantains
- Comité des pesticides d'Afrique centrale (CPAC)
Lien externe
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- La CEMAC met en œuvre la libre circulation des personnes ICTSD, 8 mai 2015
- Programme des Reformes Economiques et Financières de la CEMAC / PREF-CEMAC jimdofree.com, 13 novembre 2024
- [1].
- « Baltasar Engonga Edjo’o : « Il faut restaurer la crédibilité de la Cemac » – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
- « Cemac : la gabegie de l’administration Ona Ondo épinglée par un rapport indépendant – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
- « Les États membres de la CEMAC », Site officiel de la CEMAC (consulté le )
- « Population selon le sexe, taux d’accroissement annuel de la population, superficie et densité », Organisation des Nations unies, (consulté le ) [PDF]
- « Indicateurs du développement dans le monde, Banque Mondiale, 7 April 2018 », Banque Mondiale, (consulté le ) [PDF]
- « Indicateurs du développement dans le monde, Banque Mondiale, 25 Avril 2019 », Banque Mondiale, (consulté le ) [PDF]
- « Indicateurs du développement dans le monde, Banque Mondiale, 25 Avril 2019 », Banque Mondiale, (consulté le ) [PDF]
- « Indicateurs du développement dans le monde, Banque Mondiale, 25 Avril 2019 », Banque Mondiale, (consulté le ) [PDF]
- « Communiqué final, 7e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État de la CEMAC, Bata, le 15 mars 2006 », (consulté le ) [PDF]
- « Communiqué final, 8e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État de la CEMAC, N'Djamena, le 25 avril 2007 », (consulté le ) [PDF]
- « Communiqué final, 9e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État de la CEMAC, Yaoundé, le 25 avril 2008 », (consulté le ) [PDF]
- « Communiqué final, 10e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État de la CEMAC, Bangui, le 17 janvier 2010 », (consulté le ) [PDF]
- « Communiqué final, 12e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État de la CEMAC, Libreville, le 6 mai 2015 », (consulté le ) [PDF]
- « Communiqué final, 13e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État de la CEMAC, Djibloho, le 17 février 2017 », (consulté le ) [PDF]
- « Communiqué final, 14e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État de la CEMAC, N'Djamena, le 24 avril 2019 », (consulté le ) [PDF]